La Suisse romande est-elle une terre sacrée?

En marge de notre société largement cartésienne et chrétienne, de nouveaux mouvements inspirés du celtisme semblent renaître de leurs cendres en Suisse romande. De plus en plus de personnes s'engagent dans des pratiques de vénération de la nature, considérée comme sacrée ou peuplée d’êtres invisibles et légendaires, sortis tout droit de livres de contes de fées. Les menhirs, particulièrement nombreux aux pieds du Jura, font l’objet de culte, l’équinoxe est l’occasion de cérémonies inspirées d’un autre âge et la lune redevient objet de vénération. Décryptage de ces nouvelles mouvances qui s'enracinent dans l’histoire de notre terroir et dans un passé réenchanté.

Cinq reportages de Valérie Kernen, réalisés par Bruno Séribat et présentés par Véronique Marti dans l'émission Vacarme sur RTS La Première.

1. Le rituel de l'équinoxe

Yverdon, 20 mars 2013, six heures du matin. Un petit groupe de néo-païens se retrouve sur la plage pour assister au lever du soleil. C’est un jour important pour ces adeptes d’une croyance qui s’inspire de celle de nos ancêtres, avant la christianisation de la Suisse et de l’Europe. Ils pratiquent le rituel de l’équinoxe pour célébrer le retour des beaux jours et le renouveau, tel qu’on le vivait dans le celtisme ou le druidisme. Ces membres de la Fédération païenne internationale, section suisse, expliquent ce qui les attire dans ces croyances qu’ils estiment proches de leurs racines.
2. Les menhirs oubliés

Méconnnu, imposant et mystérieux, le plus grand site mégalithique de Suisse se trouve au bord du lac de Neuchâtel, sur la commune d’Yverdon-les-Bains. Aucun panneau indicateur ne signale l’emplacement de cette perle archéologique, qui fut jadis un important lieu de culte : 45 menhirs, dont certains mesurent plus de quatre mètres se dressent dans une clairière à proximité de la plage et d’une route peu fréquentée. Elena Burri-Wyser, archéologue à l’Etat de Vaud, nous fait revivre ce lieu, héritage de civilisations anciennes, aujourd’hui visité principalement par les promeneurs de chiens et quelques adeptes de méditation...
3. Une grotte devenue église

Haut lieu de pèlerinage en Valais, l’Ermitage de Longeborgne à la sortie du Val d’Hérens attirent plus de 50’000 visiteurs chaque année. Des pèlerins catholiques mais aussi des adeptes de géobiologie se rendent en marchant dans cette chapelle isolée, nichée dans une grotte sur les hauteurs de la vallée. Ils viennent y prier, se ressourcer ou espérer une guérison miraculeuse. Visite croisée de ce site mystérieux, en compagnie de Damien Evéquoz, géobiologue et sourcier, et frère François Huot, moine bénédictin et gardien de l’Ermitage. Leurs regards se croisent mais tous deux croient en la sacralité du lieu.
4. La forêt qui enchante

«Nous allons entrer dans une forêt magique», nous promet Joëlle Chautems, géobiologue et thérapeute. «Un lieu peuplé de menhirs mais aussi de nains, d’elfes et de trolls. Avec un peu d’entrainement, il est possibe de communiquer avec ces esprits de la nature…» La Forêt du Devens, située sur les hauteurs de Gorgier (NE) et traversée par une route goudronnée, n’avait pas de réputation particulière auprès des habitants des villages environnant, jusqu’à la parution de plusieurs livres la qualifiant de «haut lieu vibratoire» et de «destination sacrée» en Suisse romande. Reportage.
5. Sacrée balade au clair de lune

Une nuit de pleine lune, une vingtaine de personnes s’est réunie à Bevaix au bord du lac pour une «balade sacrée» en connexion avec le grand astre. Sans lampe de poche et les sens en éveil, Cédric Bolmont guide le groupe à travers les arbres, «des êtres vivants» avec qui les participants apprennent à communiquer. Lara Bauer, ethnologue spécialiste des spiritualités alternatives, décrypte ces pratiques –à la fois nouvelles et ancestrales- de vénération de la nature.